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Les 2 Pierre

          Cyprien Tanguay, dans son Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, mentionne les membres de la famille pionnière de Noël Rose et Marie Monmaignier  présumant que le premier Pierre est décédé lors du baptême de son frère portant le même prénom.  Le premier Pierre serait mort avant l'âge de 3 ans.  Le registre de sépulture n'ayant pas été trouvé, Tanguay ne peut déterminer de date de décès.  Cependant, le recensement de 1681 indiquant l'absence du premier Pierre dans la famille Rose, permet de conclure le décès de l'enfant.  Le registre de décès de Pierre Rose de 1702 est attribué au deuxième Pierre , puisque c'est lui qui est présumé vivant, malgré l'incohérence de l'âge mentionné du défunt.   Cette théorie du premier Pierre décédé prématurément s'est perpétuée depuis 1871 par tous les chercheurs ayant fait des travaux généalogiques et historiques sur Noël Rose et sa famille.

 

      En 2018, une étude d'actes notariés et de minutes du Conseil souverain mentionnant 'Pierre Rose' démontrent que les deux Pierre ont vécu jusqu'en 1702 et que le plus jeune était encore vivant en 1706.  Voici une description des actes, par ordre chronologique, corrigeant l'erreur véhiculée.

 

                     

          Un contrat fait chez le notaire Duquet le 2 janvier 1680 entre Noël Rose et Jean Amiot, maître serrurier, stipule que le maître prendra le fils de Noël Rose, Pierre âgé de 12 ans comme apprenti pour une période de trois à quatre ans. Hors, à cette époque, un apprenti demeurait à la résidence de son maître pour le temps du contrat.

  

          Le recensement de 1681 de la basse-ville de Québec confirme la présence de Pierre chez Jean Amiot.  Il est inscrit à la suite des enfants de la famille, comme apprenti ayant 14 ans.  Le recensement confirme le respect de l'engagement et explique l'absence de Pierre chez les Rose.  Il démontre aussi que les 2 Pierre sont vivants en 1681 puisque le deuxième Pierre, âgé de 10 ans, est inscrit au recensement de la famille Rose à la haute-ville de Québec

 

            

          Suite à la mort de Noël, sa veuve Marie prends pour époux François Dumas en 1687.  Elle demande au conseil souverain la permission de repartir pour la France avec son mari et ses deux plus jeunes enfants.  Le 18  octobre 1688 le conseil acquiesce à sa requête mentionnant que Marie laisse … en ce pays, Marie Rose agée d’environ vingt deux ans mariés a Jean Turcot, pierre Roze agé de vingt ans, autre pierre agé de quinze ans, Nicolas agé de douze ans, Charles agé d’environ dix ans, Et francoise agée d’environ douze ans… .  Le conseil souverain, instance judiciaire suprême de la Nouvelle-France, confirme, par l’énumération des enfants et leur âge (correspondant approximativement avec leur date de naissance respective), la présence de deux Pierre Rose en 1688.

  

          Dans le registre de sépulture de Pierre Rose daté du 14 février 1702, le curé R.C. DeBreslay mentionne que Pierre Rose est âgé d’environ 33 ans, correspondant à l’âge qu’aurait eu le premier Pierre.  Hors, dans la chronologie des événements de la famille Rose, les différents travaux publiés mentionnent que Pierre a trente ans au moment de son décès, malgré la mention contradictoire du registre.

          Un contrat fait chez le notaire Chambalon, le 19  novembre 1706, mentionne qu’un frère de Pierre, trois de ses sœurs et leurs maris règlent une quittance au nom et comme curateur aux causes de Pierre Rose, leur frère et beau-frère absent… de ce pays depuis environ quinze à dix-huit ans.  Un curateur agit au nom d’une personne vivante.  La succession agit au nom d’un défunt, comme l’ont été les frères et sœurs de Pierre Rose mentionnés à l'acte notarié concernant sa succession suite à son décès en 1702.  Chambalon mentionne aussi que le montant de la quittance provient de l'héritage que Pierre le jeune a reçu de son frère Pierre le vieux suite à son décès...  Ce document mentionne 3 points importants dans la conclusion du 'non décès prématuré du premier Pierre':

1 - Malgré le décès d'un Pierre en 1702, il y en a un de vivant en 1706,

 

2 - L'argent servant à payer les dettes de Pierre le jeune, vient de l'héritage qu'il a reçu à le mort de son frère Pierre le vieux en 1702.   

 

3 - L'absence du registre de sépulture d'un des Pierre est expliquée par l'exode de celui-ci mentionnée dans le contrat.

          La lecture attentive et l'analyse de documents qui, à priori ne semblent pas avoir de liens entre eux, viennent changer la compréhension que l'on se faisait d'un élément historique. Cette étude a été reconnue par le PRDH qui a procédé à la correction.

 

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